lundi 9 janvier 2012

Mauvais sort

Entre descente de police, accusations d’escroquerie et projet de loi qui menace d’interdire les pratiques magiques, les sorcières roumaines semblent avoir le mauvais œil. 


Le mauvais sort serait-il en train de s’abattre sur les sorcières roumaines ? Hier, la police et les procureurs de Bucarest ont effectué une descente chez treize de ces vrajitoare. Trois femmes et quatre hommes ont été arrêtés, et sont accusés d’avoir soutiré de l’argent et des biens de valeur à leurs clients. Parmi eux, des personnalités du show-biz roumain. L’une des plaignantes est ainsi la "célèbre" Oana Zavoranu, qui aurait fait appel à Vanesa, l’une des sorcières mises en cause, pour repousser les sorts jetés par sa mère et ses beaux-parents. Mais Oana Zavoranu est loin d’être une victime isolée. Les noms d’Adrian Mutu, Inna, Irinel Columbeanu ou Amelia Năstase (ex-femme de Ilie Năstase) ont ainsi été évoqués dans la presse.
A en croire le porte-parole de la police, Cristian Ciocan, il s’agirait d’un vrai réseau organisé, à la technique bien rodée. Si, au début, les sorcières n’exigeaient que de faibles sommes d’argent et des objets de valeur limitée, leurs exigences augmentaient à mesure que leurs clients devenaient "dépendants" de leurs charmes. Ces derniers devaient emprunter de l’argent pour acheter des maléfices toujours plus chers, et étaient aiguillés vers des complices des sorcières. Ils leur prêtaient de l’argent contre une garantie immobilière, et finissaient généralement par récupérer ce bien. L’une des quatre victimes déclarées (Oana Zavoranu, selon certaines sources) aurait ainsi été délestée de 450.000 euros. Mais les sorcières ne font pas seulement parler d’elles à la rubrique judiciaire. La veille, une dizaine d’entre elles avait fait une apparition remarquée dans la cour du Palais du Parlement. Cartes de tarots, eau bénite, sorts jetés à la cantonade… La petite délégation a tenté de pénétrer dans le Parlement pour rencontrer le député Nicolae Paun, qui a déposé un projet de loi visant à interdire les pratiques "occultes" - lire l’avenir dans le marc de café ou les cartes par exemple. Un projet initié pour mettre fin, justement, aux escroqueries dont peuvent être victimes certains des clients de ces sorcières.
Le texte présenté par Nicolae Paun, député de la minorité rom, prévoit des condamnations de 5 à 15 ans de prison pour les personnes qui continueraient à pratiquer la magie. L’élu n’était pas là, et les vrajitoare n’ont pas pu entrer dans l’enceinte du Parlement, mais ont bien l’intention de revenir et de le pousser à ne pas déposer son projet de loi. "J’ai ici de l’eau bénite, venue de 99 sources. Si je l’en asperge, il sera impuissant à jamais", a menacé l’une des magiciennes présentes.

Ce n’est pas la première fois qu’un projet législatif "menace" les sorcières roumaines. En début d’année dernière, le député Alin Popoviciu avait initié un texte pour taxer les sorcières et les obliger à payer elles aussi 16% d’impôt sur le revenu. Un texte qui avait été rejeté.  

Marion Guyonvarch (www.lepetitjournal.com/Bucarest) mercredi 14 décembre 2011

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