jeudi 27 mai 2010

L'Express: L'honneur d'un dissident

Vasile Paraschiv, inlassable opposant de l'ère communiste, attaque l'Etat roumain. Les juges vont-ils enfin lui rendre justice?

A 80 ans, il reste cet éternel esprit libre qui a osé refuser, le 1er décembre, la décoration suprême que voulait lui décerner le président Traian Basescu: chevalier de la Steaua României (Etoile de Roumanie). "Je ne peux accepter une distinction de la main d'un communiste", a-t-il asséné au chef de l'Etat. Tour à tour arrêté et interné en hôpital psychiatrique, Vasile Paraschiv n'a pas seulement ferraillé, durant vingt ans, contre le régime de fer de Ceausescu.

Depuis la chute du régime, en décembre 1989, il a poursuivi son combat par la voie judiciaire, pour devenir, aujourd'hui, un autre symbole: celui de la lutte des victimes contre l'Etat roumain. Dure bataille... Signe que, près de vingt ans après la "révolution", le pays peine encore à digérer son passé.

L'espoir resurgit

Avec l'aide de l'Institut de recherche et d'investigation des crimes du communisme (IICCR), créé en 2005, Paraschiv a d'abord constitué un dossier, accablant, sur la base des archives de la Securitate, la police politique. Puis il a attaqué en justice 67 personnes, psychiatres et ex-membres du Parti ou de la Securitate.

Mais, en 2008, le parquet annonce que les faits sont prescrits... "Très peu de crimes commis pendant la période communiste ont fait l'objet de condamnations pénales, confirme Raluca Grosescu, historienne et membre de l'IICCR. Ils devraient relever de crimes contre l'humanité, imprescriptibles... Les plaignants ont déposé des recours auprès de la Cour européenne des droits de l'homme."

L'espoir resurgit, néanmoins, dans les tribunaux civils, où les victimes peuvent enfin voir leurs souffrances reconnues, à défaut de voir leurs tortionnaires passer en jugement. Le 4 décembre 2008, Vasile Paraschiv remporte sa première victoire: l'Etat roumain est condamné à lui verser 300 000 euros de dommages et intérêts pour les mauvais traitements subis entre 1968 et 1989. Mais il en réclame 1 million. Verdict, en appel, le 9 avril.

Par Marion Guyonvarch, publié le 09/04/2009

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